Joseph Brodskiy — Ne quitte pas la pièce, ne te trompe pas...
Ne quitte pas la pièce, ne te trompe pas.
As-tu besoin du «Solntse» si tu fume du «Shipka»?
Tout n'a pas de sens, surtout le cri de félicité.
Va seulement au lavabo et reviens vite, sans delai.
Oh, ne quitte pas la pièce, n'allume pas le moteur.
Parce que l'espace est fait d'un couloir, par un compteur
il se termine. Et si la vivante tendreté
entrera, en ouvrant la bouche, chasse-la sans la déshabiller.
Ne quitte pas la pièce; imagine, que tu t'sens mal à l'aise:
quoi de plus excitant d'un mur et d'une chaise?
Pourquoi partir de la place, où l'on revient la nuit,
le même, que tu était, et d'autant plus rabougri?
Oh, ne quitte pas la pièce. Attrape la bossanova, danse
en manteau sur corps nu, en chaussures, en cadence.
Le couloir sent le chou et l'onguent de ski.
Tu as écrit beacoup de lettres; une autre sera inutile.
Ne quitte pas la pièce. Oh, laisse juste la chambre
deviner à quoi tu ressemble. En effet, incognito ergo sum,
comme le remarque dans les cœurs la substance.
Ne quitte pas la pièce! Eh bien, on est pas en France.
Ne sois pas idiot! Sois ce que les autres n'étaient pas.
Ne quitte pas la pièce! Donne aux meubles le vouloir!
Fusionne ton visage avec du papier peint. Barricade-toi
contre l'chronos, l'espace, l'eros, la race, le virus avec un armoire.
Перевод Михаила Озеровского